DORA PEJAČEVIĆ, COMPOSITRICE CROATE NOVATRICE

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Dora Pejačević, née le 10 septembre 1885 à Budapest et morte le 5 mars 1923 à Munich, est une compositrice croate.Elle introduit le « lied » pour une voix avec orchestre dans la musique croate et sa « Symphonie en fa dièse mineur » est considérée par les spécialistes comme la première symphonie moderne de la musique croate.

Une aristocrate croate

Son père est un aristocrate croate, le comte Théodor Pejačević, haut fonctionnaire de l’Empire austro-hongrois et gouverneur civil de la Croatie, de la Slavonie et de la Dalmatie. Sa mère, la baronne hongroise Lilla de Vaya, est pianiste et chanteuse amateure talentueuse. Elle enseigne les balbutiements du piano à sa fille. Ils vivent dans la propriété familiale de Našice (Croatie), à l’ouest de Osijek et Đakovo, mais de fréquents voyages les mènent à travers les grands centres culturels européens : Budapest, Munich, Prague, Vienne.

Château de Nasice

En plus du piano, Dora apprend le violon, tout en développant ses talents dans les domaines de la poésie, de la peinture, du théâtre et des langues. À 12 ans, elle a une assez grande maîtrise musicale pour composer ses premières œuvres. Ses parents prennent conscience de son talent, elle reçoit alors des cours privés avec des professeurs de l’Institut croate de musique à Zagreb où elle étudie le violon, la théorie et l’instrumentation. Elle poursuit son éducation musicale à Dresde et à Munich.

Néanmoins, largement autodidacte, elle développe son talent artistique avant tout au contact de personnalités de son époque : la pianiste Alice Ripper, la peintre Clara Westhoff, les écrivains Annette Kolb, Rainer Maria Rilke, Karl Kraus et d’autres personnalités jouant un rôle de premier plan sur la scène culturelle européenne de l’époque.

Les mondes intellectuels d’Oscar Wilde, Ibsen, Dostoïevski, Thomas Mann, Schopenhauer, Rilke, Kierkegaard, Clemens Krauss et Nietzsche,  ont tous eu un impact sur le développement de sa personnalité artistique. Les œuvres de tous ces écrivains, parmi d’autres, sont mentionnées dans son journal de lectures, particulièrement riche.

En 1913, Dora est la première compositrice croate, hommes et femmes confondus, à écrire et faire jouer un concerto pour piano.

L’engagement et la création

Pendant la Première Guerre Mondiale, elle s’engage comme infirmière dans son village de Našice en Croatie. Cette expérience la bouleverse et l’amène à ressentir un profond mépris pour l’aristocratie qui « ignorait les misères et souffrances de la guerre ».

C’est de cette période que date sa flamboyante et épique « Symphonie en fa mineur » (1916-1917, révisée en 1920) qui montre à la fois sa grande maîtrise de l’orchestration, une grande richesse thématique et une profonde sensibilité poétique.

Durant sa vie, ses œuvres sont fréquemment jouées, non seulement en Croatie, mais aussi à l’étranger, à Londres, Dresde, Budapest, Stockholm, Vienne et Munich. Elles sont données par certains des musiciens les plus célèbres de l’époque : les pianistes Walter Bachmann, Svetislav Stančić et Alice Ripper, les violonistes Juan Manén, Václav Huml et Zlatko Baloković, les chefs d’orchestre Oskar Nebdal et Edwin Linder et des ensembles tels que le Thoman Trio, le « Quatuor à cordes de Zagreb », l’Orchestre philarmonique de Zagreb, le Tonkünstlerorchester de Vienne et le Philharmonique de Dresde.

Brisée en plein vol

Après son mariage avec Ottomar Lümbe en 1921, elle vit à Munich. Sa carrière est brisée en plein envol : elle décède en 1923, à l’âge de 37 ans, de complications suite à la naissance de son fils Théo. Et comme pour nombreuses de ses collègues, alors que son œuvre est appréciée, admirée et jouée de son vivant, elle est tombée dans l’oubli après sa disparition. Dora Pejačević est enterrée au cimetière de Našice (Croatie).

Regardez ce joli film d’animation sur la vie de Dora : FILM

Style

Dora Pejačević laisse 58 compositions, œuvres pour orchestre, voix et instruments, musique de chambre et piano. Son langage musical romantique tardif, enrichi d’harmonies impressionnistes, d’éléments de style expressionniste et de couleurs orchestrales somptueuses, font de Dora Pejačević une véritable enfant de « l’Art Nouveau » (Jugendstil) dans l’art pictural. Les œuvres de maturité de la compositrice sont marquées à parts égales par son enthousiasme pour la musique de Wagner et par sa maîtrise et sa virtuosité puissantes dans l’écriture de l’instrument pour lequel elle compose.

La dernière œuvre complète de Dora Pejačević reflète un vigoureux développement musical que la mort arrête net dans sa plus somptueuse floraison : nous pouvons y trouver les traces d’une recherche délibérée de sa propre expression et de son propre langage musical et rencontrer une musique originale, vécue profondément et magistralement mise en forme.

Après une série d’enregistrements par le label CPO, c’est désormais le label anglais Chandos qui nous permet de (re)découvrir sa musique orchestrale et concertante.

Enregistrement de mai 2022

En mai 2022, le chef finlandais Sakari Oramo, le pianiste anglais Peter Donohoe et le BBC Symphony Orchestra ont fait paraître un superbe enregistrement consacré à la musique flamboyante, passionnée et lyrique de Dora Pejačević.

On aimerait donner aux programmateurs et programmatrices des saisons musicales des grandes institutions françaises et internationales le même conseil qu’avait donné la compositrice Dora Pejačević à son époux avant la naissance de leur fils, quelques mois avant sa mort : « Chaque talent, chaque génie, exige une considération égale et le sexe ne peut entrer en ligne de compte. »

On peut trouver la liste de ses œuvres et la discographie en cliquant ici.

 

N.D.L.R. : cet article reprend mot pour mot le texte Wikipedia consacré à cette artiste, ainsi que l’article de Frédérique Reibell, publié le 18 mai 2022 sur le site « Classique, Mais Pas Has Been »

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UN LIVRE PASSIONNANT : « LE FILS D’OUTREMONT » de Josip Kropek

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Ce roman autobiographique de Josip Kropek (aujourd’hui âgé de 84 ans) est paru en croate sous le titre original « Zagorja sin ».
Voilà un beau livre qui va intéresser toute personne croate ou ami(e) de la Croatie.
L’auteur a 3 ans en 1941. Il vit avec sa famille dans la région de Zagorje qu’il aime tant.
Il décrit les paysages au fil des saisons.
On pense aux tableaux de Lacković-Croata avec les petits villages enneigés.
On y découvre la vie rude des petits paysans.
Et puis, c’est la 2ème guerre mondiale, avec tous ses bouleversements et ses drames. Et après la guerre, c’est le temps de la fédération yougoslave communiste de Tito…
Le jeune homme est très courageux et bourré de talents (paysan, artisan menuisier, grand lecteur et poète).
Il va subir des épreuves très dures, mais aussi connaitre de grands bonheurs.
Voici un lien pour se procurer le livre : ici.
Bonne lecture !
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UN FILM EXCEPTIONNEL : « LA VOIX D’AÏDA »

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L’affiche du film

LA VOIX D’AÏDA
Srebenica 1995, traduire pour résister
Film bosniaque sorti le 22 septembre 2021 (Titre original : QUO VADIS AIDA ?)
Il y a 26 ans, le massacre de Srebenica, « à 2 heures de Paris », comme on disait à l’époque… 8000 hommes et adolescents fusillés par l’armée de la République Serbe de Bosnie.
La réalisatrice de ce film, Jasmila Žbanić, nous offre un chef-d’œuvre d’humanité, de sensibilité. Son film nous prend aux tripes. Aucune image en trop, tout est en finesse dans ce récit où l’on voit la marche vers l’atroce, l’horreur, puis, des années après, la recherche de l’apaisement avec des cicatrices qui ne se refermeront jamais.
C’est bouleversant, passionnant !
L’actrice principale est époustouflante et tous les acteurs et figurants remarquables.

Le film LA VOIX D’AÏDA devrait être vu par le plus grand nombre pour trois raisons.
Il retrace le contexte historique d’un conflit qui a eu lieu en Europe et qui reste peu abordé dans films ou/et livres.
Le massacre de Srebrenica, qualifié de « nettoyage ethnique » ou « génocide », nous rappelle l’Holocauste et nous montre que, malheureusement, l’histoire se répète. De plus, le film met en évidence les failles des organisations internationales comme l’ONU.
Enfin, il nous montre une figure féminine exceptionnellement humaine face à la brutalité des criminels.
Récompenses reçues :
  • Flèche de Cristal au Festival du Film Européen des Arcs 2020
  • Nomination aux OSCARS 2021 pour le meilleur film étranger
  • Nomination aux BAFTA Awards 2021 de Londres pour le meilleur film non anglophone et la meilleure réalisation
  • Sélection officielle de la Mostra de Venise en 2020
Il ne faut absolument pas rater ce film qui n’est malheureusement pas diffusé largement. Dans la région toulousaine, il est programmé à l’Utopia Borderouge et à l’ABC.
Documents à lire (en cliquant sur le titre) :
  • Fiche « Coup de cœur » de l’AFCA avec l’interview de Jasmila Žbanić
  • Fiche pédagogique du Site Romand de l’Éducation aux Médias qui montre à quel point un film comme celui-là est un moyen d’éducation extraordinaire
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MIRACLE À LA COMBE AUX ASPICS, un livre d’Ante Tomić… à lire absolument !

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À sept kilomètres de Smiljevo, haut dans les montagnes, dans un hameau à l’abandon, vivent Jozo Aspic et ses quatre fils. Leur petite communauté aux habitudes sanitaires, alimentaires et sociologiques discutables n’admet ni l’État ni les fondements de la civilisation – jusqu’à ce que le fils aîné, Krešimir, en vienne à l’idée saugrenue de se trouver une femme.
Bientôt, il devient clair que la recherche d’une épouse est encore plus difficile et hasardeuse que la lutte quotidienne des Aspic pour la sauvegarde de leur autarcie.
La quête amoureuse du fils aîné des Aspic fait de ce « road-movie » littéraire une comédie hilarante, où les coups de théâtre s’associent pour accomplir un miracle à la Combe aux Aspics.
Comédie désopilante aux rebondissements loufoques et inattendus. Quand on l’a commencé, on veut vite aller au bout de cet excellent livre.
L’auteur est un journaliste croate de « Slobodna Dalmacija ».
Vivement la sortie du film !
Éditions Noir sur Blanc
Collection La Bibliothèque de Dimitri
Paru le 18/03/2021
Prix : 18,00 €
Format : 23 x 15 cm, 208p.
ISBN : 978-2-88250-677-1

 

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LE « FOROM DES LANGUES » DE TOULOUSE REVIENT !

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En 2020, nous aurions dû participer au 27ème Forom des Langues de Toulouse.
Mais il a été annulé compte tenu de la situation sanitaire.
Le CARREFOUR CULTUREL ARNAUD-BERNARD, à l’origine de cette manifestation, a pu, avec les pouvoirs publics, organiser le Forum 2021. Au lieu du printemps, c’est donc à l’automne qu’il a été programmé. Mais le lieu reste inchangé.
Venez nombreux au 27ème FOROM DES LANGUES le dimanche 10 octobre 2021 sur la Place du Capitole à partir de 10 heures.
Vous pourrez vous initier aux nombreuses langues représentées et vous informer sur les pays. Des animations sont prévues tout au long de la journée.
L’association CROATIE-OCCITANIE est présente sur la Place du Capitole depuis 1995 pour présenter la langue croate et la Croatie.
Cette année, nous mettrons l’accent sur la prononciation.
Nous vous accueillerons avec plaisir.
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14 OCTOBRE 2018 : UNE COMÉDIE MUSICALE CROATE AU THÉÂTRE DE PIBRAC

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Stéphane Novak, directeur du Théâtre Musical de Pibrac, qui a des origines croates, s’est beaucoup investi pour faire venir une compagnie de Croatie proposant une comédie musicale bilingue destinée aux enfants : « MAGIC MUSICAL » le 14 octobre 2018.
Cette programmation a donné lieu à une semaine de la Croatie dans la petite ville de Pibrac.
Des membres de l’association CROATIE-OCCITANIE ont proposé aux élèves d’une école primaire de Pibrac une animation « pâtisseries de Croatie ». Le restaurant de l’école avait été décoré aux couleurs de la Croatie. Avec le soutien des équipes de cuisine de l’école et aidés par Elisabeth Stetić, les enfants ont confectionné des petits gâteaux typiques. Ils les ont ensuite dégustés avec le plus grand plaisir.
Au Théâtre, une exposition de photographies a été installée dans le hall, photographies montrant les beaux paysages croates.
Le spectacle « Magic Musical » a ensuite enchanté grands et petits.
Un goûter avec des gâteaux typiques croates a clôturé cette belle après-midi.
Un grand merci à Stéphane Novak qui a permis de vivre ces bons moments de découverte et de partage.

 

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UN POLAR FRANÇAIS DANS LEQUEL IL EST QUESTION DE… CROATIE !

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C’est un polar, un vrai. Une jeune femme a été assassinée à Paris, brûlée vive. Un pianiste de jazz (qui aimait cette jeune femme) et son ami, chauffeur de taxi, ne croient pas à la version officielle. Ils enquêtent, au rythme de grands standards de jazz. Et leur enquête les mènera sur les rives du Danube, à Vukovar !
Étonnant, non ?
Il faut absolument lire ce livre : LES HARMONIQUES de Marcus Malte, Édition Folio Policier (environ 8 €).
Roman très agréable : parfois drôle, parfois émouvant, voire poignant. On passe du rire de certains dialogues à la brutalité des souvenirs de la guerre de Croatie en 1991, le tout entrecoupé de grands airs de jazz.
L’auteur, l’excellent Marcus Malte, a été de multiples fois primé : Grand Prix catégorie policier des lectrices de ELLE en 2008, Prix Mystère de la critique en 2012, mais aussi Prix Fémina 2016, et bien d’autres.
C’est un peu par hasard que nous avons assisté, en janvier dernier, à un « concert littéraire » au théâtre de Muret en présence de l’auteur et de deux musiciens. Ce fut une formidable soirée grâce aux mots et à la voix de Marcus Malte, mais aussi grâce aux deux musiciens qui l’accompagnaient.
Voici comment était présenté ce spectacle :
Davantage qu’une lecture musicale, c’est à un véritable concert littéraire que vous convie ce trio original et éphémère – ou pas.
Les mots de Marcus Malte, extraits de son roman « Les harmoniques », mis en bouche par l’auteur lui-même et accompagnés, portés, soulevés à bout de voix et de doigts par deux magnifiques musiciens, Gérard Maurin et Virginie Teychené.
Du jazz, du vrai.
De Cole Porter à Miles Davis, de Coltrane à Mingus, de Lester Young à Billie Holiday : ils sont tous là. Qui rôdent entre les lignes, entre les pages, traînent leur blues aux côtés de Mister, de Bob, de Vera, personnages hantés et désenchantés, héros si humains de cette histoire.
De la littérature, de la vraie.
Les deux univers se conjuguent, fusionnent, unis pour le meilleur et le meilleur. Le swing et la poésie, le rythme et l’émotion.
Et pour vous donner une idée de ce spectacle, en voici un extrait, donné aux Nocturnes de Lauri en 2013.
Dans cet extrait, l’auteur lit le texte dans lequel il évoque le martyre de Vukovar en août 1991 (de 7 :20 à 10 :11)
https://www.youtube.com/watch?v=QTDwQN6-vZE

 

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MARCHÉ DE NOËL À ZAGREB

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Deux années de suite, en 2016 et en 2017, l’organisme « European Best Destinations » a classé le Marché de Noël de Zagreb en 1ère position, devant Strasbourg et Colmar.
Cette année, les Festivités de l’Avent ont lieu à Zagreb du 2 décembre 2017 au 7 janvier 2018 : stands d’artisanat, vin chaud, pain d’épices, concerts, patinoire et d’autres nombreuses animations enchanteront les visiteurs.
Zagreb : LA destination de Noël !
Pour en savoir plus, voici un site (en anglais) qui détaille toutes les festivités de l’Avent à Zagreb.
Cliquez ici.
Et pour en avoir un aperçu, regardez ces deux vidéos.
  • la 1ère faite par l’Office du Tourisme de Zagreb (1 minute 09) :
  • la 2ème de 11 minutes 24 montre plus en détails toute la ville de Zagreb. Elle est datée du 2 décembre 2017 :

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UNE TRADITION MUSICALE CROATE : LA KLAPA

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Inscrite en 2012 sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité, la klapa est un chant traditionnel vocal à plusieurs voix et a cappella des régions méridionales de la Croatie.
Le mot Klapa vient du mot italien « capulatata » qui signifie groupe d’amis.
En général, une klapa regroupe un premier ténor, un second ténor, un baryton et une basse. Toutes les voix peuvent être doublées sauf le premier ténor. La klapa comprend donc 4 à 10 hommes de plusieurs générations.
Bien qu’habituellement a capella, il est possible que la klapa soit accompagnée par une guitare ou une mandoline.
Traditionnellement masculin, on trouve maintenant des groupes de klapa féminins.
Avec des racines dans le chant d’église de la côte croate, les chants de klapa célèbrent l’amour, le vin, la patrie, la mer…
Les chanteurs se tiennent souvent par l’épaule en demi-cercle. Ils sont souvent vêtus d’un pantalon noir, une chemise blanche et une large ceinture rouge.
Depuis une cinquantaine d’années, un festival de klapa a lieu dans la ville de Omiš en juin-juillet.
Quelques extraits de concerts :
Une explication (de 9 mn 54) en anglais sur la composition d’une klapa avec quelques extraits typiques.
Un extrait de concert (de 3 mn 04) de la klapa korda à Omis au festival 2016.
Un extrait de concert de 8 mn 12) d’une klapa de femmes « Klapa Cesarice » avec Edin Karamazov (luthiste).
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ZAGORKA, UNE DES PREMIÈRES FEMMES JOURNALISTES PROFESSIONNELLES EN EUROPE

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Qui est donc cette femme, dont on rencontre la statue face au n° 25 de la rue Ivana Tkalčića à Zagreb ?
Zagorka est son nom de plume.
Elle est née Marija Jurić en 1873 à Negovec, dans ce qui était le Royaume de Croatie-Slavonie. Elle est décédée à Zagreb en 1957, à l’âge de 84 ans. Elle fut écrivaine, journaliste et militante pour les droits des femmes.
Son père était un petit propriétaire terrien, intendant d’un baron de la région de Krapina (au nord de Zagreb). Quand elle a 18 ans, elle publie un article dans une revue le « Zagorje Proljeće » (le printemps de Zagorje) sous un pseudonyme masculin, Jurica Zagorki. Elle fait également du théâtre et envisage de devenir actrice. Ce projet ne plait pas à ses parents qui l’obligent à épouser un employé des chemins de fer hongrois, András Mátrai, de 18 ans son aîné. Elle n’apprécie pas le chauvinisme de son époux, mais elle tient à apprendre quand même la langue hongroise, ainsi que la télégraphie.
Au bout de trois ans, elle s’enfuit du foyer et le divorce met fin à ce mariage arrangé. Elle écrit alors des articles qui sont publiés dans l’hebdomadaire « Hrvatski Branik » et le quotidien « Posavska Hrvatska » sans signature.
En 1896, elle est correctrice au journal « Obzor ». Elle écrit un article qui dénonce l’offensive linguistique contre la langue croate menée par le Royaume de Hongrie dont fait alors partie la Croatie. Grâce à cet article et à l’appui de Josip Juraj Strossmayer, évêque et parlementaire, elle obtient le statut de journaliste, même si le rédacteur en chef n’est pas d’accord. Il ne veut pas qu’on sache que ces articles, qui ont un grand succès auprès des lecteurs, sont écrits par une femme. Elle est contrainte de signer ses articles avec un nom de plume (Zagorka) et de travailler dans une pièce à part, loin des regards des visiteurs et de ses collègues.
Plus tard, les événements politiques écarteront le rédacteur en chef et son adjoint. Elle éditera toute seule le journal pendant 5 mois.
En 1903, elle organise la première manifestation féministe à Zagreb, mobilisant 1800 femmes, pour défendre des femmes typographes qui avaient été arrêtées. Elle sera à son tour condamnée à 12 jours de prison. Elle militera toujours pour le droit de vote des femmes et pour l’égalité homme-femme dans l’enseignement et au travail.
En 1910, Strossmayer lui suggère d’écrire des romans-feuilletons, des nouvelles qui auront pour conséquence l’augmentation importante du tirage du journal.
En 1917, elle participera au Congrès des Femmes Slaves qui a lieu à Prague.
Après la 1ère Guerre Mondiale, elle subira une autre discrimination, celle du mouvement féministe dirigé alors par des universitaires. Contre cette autodidacte, « le savoir devient un pouvoir de ségrégation ».
Elle créera malgré tout deux magazines féminins, le « Ženski List » (1925-1938) et le « Hrvatica » (1938-1940).
Elle se consacrera de plus en plus à l’écriture de romans dans lesquels on retrouvera ses préoccupations politiques, sociales et féministes. Ses romans, mais aussi ses pièces de théâtre, rencontrent un grand succès populaire.
« Abandonner mon stylo signifierait abandonner ma vie. »
Aujourd’hui, son œuvre littéraire et ses engagements sont mis en valeur dans l’  « Appartement Mémorial de Marija Jurić Zagorka » dirigé par le « Center for Women’s Studies » à Zagreb.
Sources :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Marija_Juri%C4%87_Zagorka
http://dicocroate2.over-blog.com/article-marija-juri-39059967.html
http://dangerouswomenproject.org/2016/11/02/marija-juric-zagorka/
SON ŒUVRE LITTÉRAIRE
Son roman le plus célèbre est « Grička vještica » (La sorcière de Grić). Elle y raconte la vie de la comédienne Nora qui avait le pouvoir de sauver les femmes accusées d’être des sorcières.
Son roman « Mala revolucionarka » (La jeune révolutionnaire) présente le personnage principal, Zlatica, comme une femme engagée et autonome pendant les événements de 1903.
Dans « Magiari o Strossmayeru » (Les hongrois sur Strossmayer), une ménagère donne à son invité une leçon sur l’importance du rôle de la femme dans la société.
Dans « Kći Lotršćaka » (La fille de Lotršćak), le personnage principal, Manduša, a été élevée dans l’objectif de faire un beau mariage. Malheureusement, la rumeur suggérera que Manduša n’est pas d’une pure lignée ce qui la condamnera à l’opprobre. Elle décide alors de sauver un condamné à mort en lui proposant le mariage. Il s’avèrera plus tard qu’elle était finalement d’une lignée pure et que le jeune homme est l’héritier d’une grande famille de la région. Le roman est une réflexion sur le sens du mariage.
Jusqu’à présent, aucun de ses livres n’ont été traduits en anglais ou en français. Quelques-uns l’ont été en allemand.
Dans un vote organisé en 2005 par le quotidien croate « Vjesnik », Zagorka est arrivée en 2ème position dans la liste des écrivains les plus populaires de tous les temps.
Présentation de Zagorka (en croate) :
UNE POPULARITÉ TOUJOURS D’ACTUALITÉ
Depuis une dizaine d’années, l’association d’acteurs HISTRION propose des représentations d’auteurs croates (surtout de Zagorka) ainsi que d’auteurs étrangers traduits librement en dialecte croate de Zagreb (le « kajkavski »).
Ils se produisent dans toutes les villes de Croatie tout au long de l’année et, l’été, à Zagreb à « Opatovina », scène en plein air, dans un parc du centre-ville historique.
Cette année, c’est « Kći Lotršćaka » (La fille de Lotršćak) qui est au programme du 8 juillet au 2 septembre 2017.
La famille Cerovečki a assisté à la Première, ce samedi 8 juillet 2017. Après une introduction par le maire de Zagreb, Milan Bandić, les nombreux spectateurs ont pu apprécier, sous un ciel étoilé, une troupe d’acteurs de grande qualité, à la fois acteurs, chanteurs et danseurs, une mise en scène vivante, un texte riche agrémenté par des allusions à l’histoire de la ville.
Pour connaitre le nom des acteurs de ces représentations, cliquez ici.
Quelques photos de la représentation du 8 juillet 2017 :
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L’ART NAÏF CROATE

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L’art naïf est un style figuratif qui ne respecte pas les règles de perspective des dimensions, de l’atténuation des couleurs et de la précision du trait qui diminue avec la distance. On dit qu’il s’agit d’un art « naïf » car il évoque les dessins ou peintures d’enfant. En général, l’inspiration est populaire : paysages de campagne, costumes traditionnels, animaux.
Les peintres naïfs sont souvent des autodidactes. En France, on connait Henri Rousseau (1844-1910), en Haïti, Ossey Dubic.
En Europe Centrale et de l’Est, lors de l’ère du socialisme, ce mouvement s’est beaucoup développé : en Pologne, en Tchéquie, en Russie et dans certaines régions de l’ex-Yougoslavie, mais surtout en Croatie.

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L’école d’art naïf la plus importante est celle de Hlebine créée au nord-est de la Croatie, dans la région de Podravina, près de la frontière hongroise, à l’initiative d’Ivan Generalić (1914-1992), Franjo Mraz (1910-1981) et Mirko Virius (1889-1943), peintres et paysans.
Pour un résumé de l’art naïf selon l’école de Hlebine, voyez cette vidéo :
Pour un aperçu de l’œuvre d’Ivan Generalić, regardez cette courte vidéo :

 

La spécificité de l’école de Hlebine est la peinture à l’huile sous verre. Les peintres montrent d’abord la condition sociale des paysans, puis après la guerre, ils célèbrent souvent la vie idyllique de la campagne.
Pourquoi ne pas profiter d’un voyage en Croatie pour découvrir cet art si particulier ?
À Zagreb, il faut absolument visiter le MUSÉE D’ART NAÏF qui se trouve dans la vieille ville, tout près de l’église Sv. Marko.
Site Internet : http://www.hmnu.hr/en
Musée ouvert du lundi au samedi de 10h à 18h et le dimanche de 10h à 13h.

 

À Hlebine, une visite s’impose à la GALERIE D’ART NAÏF.
Une très belle collection de dessins, peintures, sculptures sur bois et même broderies. Parmi les peintres dont les œuvres sont exposées : Ivan Lacković-Croata, Martin Mehsek et Ivan Generalić.
À la sortie, on peut aussi acheter de belles cartes, des ouvrages sur l’art naïf.
Galerie fermée le lundi. Ouverte de mardi à vendredi de 10h à 16h et samedi et dimanche de 10h à 14h.
Après la visite de la galerie, on peut aussi aller à la rencontre de peintres dont les ateliers sont ouverts au public.
Hlebine est à 1h40 de Zagreb en voiture.
Pour voir un reportage sur la galerie de Hlebine, regardez cette courte vidéo (en croate) :
Et pour le plaisir, regardez cette présentation de l’oeuvre d’Ivan RABUZIN :
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QUELQUES ARTISTES CONTEMPORAINS D’ORIGINE CROATE

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CINÉMA
Josiane Balasko (Balasković)
Comédienne, réalisatrice, mais aussi scénariste, romancière… elle a été l’un des membres de la bande du SPLENDID.
Les films qu’elle a réalisés ou dans lesquels elle a joué sont très nombreux : la série des « Bronzés », « Clara et les chics types », « le Père Noël est une ordure », « Trop belle pour toi », « Gazon maudit », « Un crime au paradis »… et bien d’autres !
Elle est aussi connue pour ses engagements : membre des Enfoirés, elle soutient aussi les personnes expulsées, sans-papiers, mal logés.
John Malkovich
Acteur, scénariste, réalisateur et producteur, il a participé à plus de 70 films, parmi lesquels : « L’empire du soleil », « Les liaisons dangereuses », « Ombres et brouillard », « Dans la ligne de mire », « Par-delà les nuages », « Dans la peau de John Malkovitch ».
Il a vécu une dizaine en France, il parle très bien le français et est un fervent francophile.

 

 Eric Bana (Banadinović)
Acteur australien (de mère allemande et de père croate), il est d’abord un des acteurs comiques les plus populaires d’Australie, puis il fait une carrière dans des registres totalement différents.
Dans sa filmographie, on note par exemple : « Hulk », « Munich », « deux sœurs pour un roi », « Hanna », « Du sang et des larmes », « Le Roi Arthur ».

 

Branko Lustig, co-producteur de films comme « La liste de Schindler »

MUSIQUE
Ivo Pogorelić, pianiste
Il a commencé le piano à 7 ans. À 12 ans, il est parti étudier au Conservatoire Tchaïkovski de Moscou. Sa renommée date d’une « mention honorable » qu’il a obtenue au Concours International Frédéric Chopin à Varsovie. Son élimination au 2ème tour avait provoqué la démission de Martha Argerich qui le considérait comme un génie. C’est alors que sa carrière s’est envolée.
Il a donné des récitals comme soliste et joué avec les orchestres les plus prestigieux, dans le monde entier. Il a enregistré des œuvres de Bach, Beethoven, Brahms, Chopin, Liszt, Ravel, Scarlatti et bien d’autres. Il a cessé d’enregistrer après la mort de son épouse (qui avait été son professeur à Moscou).

Goran Filipec
, pianiste
Né en 1981 à Rijeka, il a gagné des prix dans des concours internationaux, comme ceux de Los Angeles, Monterrey et Parme.
Il a donné des récitals dans le monde entier : au Carnegie hall de New-York, à l’Auditorium de Milan, à la Philharmonie de Paris, mais aussi en Amérique du Sud, au Japon.
Dans sa discographie : Rachmaninov et Mussorgsky (2006), Liszt’s anniversary resonances (2012), les pièces pour piano et les sonates pour violon et piano de Ivo Maček (2014), Liszt : grandes études de Paganini (2016)
Il a participé plusieurs fois à l’émission « La boîte à musique ». Ci-dessous une de ces émissions dont le thème était « la musique militaire ».


Helen Merrill (vrai nom : Jelena Milcetić), chanteuse de jazz
Elle est née en 1930 à New-York, ses parents sont croates, originaires de l’île de Krk. Sa carrière couvre plus de 50 ans. Elle s’est produite en concerts et dans de nombreux festivals de jazz dans le monde entier et elle a enregistré avec les plus grands noms du jazz : Charlie Byrd, Bill Evans, Stan Getz, Gary Peacock, et d’autres encore.
Pour en savoir plus, lisez cette série d’article de France Musique :
https://www.francemusique.fr/jazz/interview-exclusif-helen-merril-en-integralite-et-en-version-originale-31253
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AMÉLIORER SA LANGUE CROATE POUR LES JEUNES ET POUR LES MOINS JEUNES

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Pour les jeunes de 9 à 16 ans, un camp d’été à Novi Vinodolski du 17 au 28 juillet 2017
Pour toutes les informations sur ce camp d’été :
Contenu du camp d’été 2017 .
Pour les adultes (à partir de 17 ans) : Université d’été à Zagreb du 24 juin au 21 juillet 2017
Pour toutes les informations sur cette Université d’été :
Contenu de l’Université d’été 2017.
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UN FESTIVAL EXCEPTIONNEL À DUBROVNIK ET UNE ARTISTE EXCEPTIONNELLE EN RÉGION OCCITANIE

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Le Festival SENTIMENTO 2016
Stijepo Gled Markos est un ténor croate de Dubrovnik, la « perle de l’Adriatique ». Il est à l’origine de la création dans sa ville du Festival SENTIMENTO, festival international de l’éducation culturelle et de la réhabilitation.
L’objectif de ce festival est d’utiliser la musique et le son pour la réhabilitation des personnes porteuses de handicap et de les intégrer dans la communauté. Ils contribuent en tant qu’artistes et créateurs avec l’aide d’enseignants et musicothérapeutes en composant des morceaux de musique qui sont exécutés ensuite par des musiciens de renommée mondiale.
Nous vous recommandons particulièrement de regarder la vidéo ci-contre. Vous comprendrez l’esprit de ce festival. Il s’agit d’une interview du Prof. Nigel Osborne, compositeur et musicothérapeute. L’interview est faite par Stijepo Gled Markos. Cette vidéo est en croate, sous-titrée en anglais.
Plusieurs artistes ont été invités pour l’édition 2016, autour de Markos et de l’Orchestre Symphonique de Dubrovnik, dont Nenad Bach en particulier, venu des USA, et Anna K. Eaves venue de notre région.
QUI EST ANNA K. EAVES ?
Née à Paris de parents britanniques, Anna est une artiste, auteure, compositrice, chanteuse et musicienne qui perdu à 26 ans (AVC) l’usage de son côté droit (hémiplégie) et de la parole (aphasie). Elle vit à Pibrac avec son compagnon, franco-croate, Stéphane Novak.
Aujourd’hui Anna a 35 ans. On peut entendre sa voix et ses chansons dans une magnifique collection musicale : Anna Music Collection.
www.annamusiccollection.com
https://www.facebook.com/annamusiccollection/

Pour vous donner envie d’en connaitre plus sur Anna Eaves :
 On peut rêver… et si on organisait un SENTIMENTO dans notre région ?
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LE BISCUIT TRADITIONNEL CROATE : LE PAPRENJAK (pluriel : PAPRENJACI)

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Les biscuits traditionnels croates « PAPRENJACI » sont faits avec un mélange subtil de miel et de poivre noir, ainsi qu’avec les ingrédients suivants : œufs, beurre, noix et noisettes et autres épices comme cannelle, clou de girofle et noix de muscade.
Cette recette unique n’est pas la seule particularité de ces biscuits. Ils sont faits grâce à des moules en bois.
La recette de ces biscuits daterait du XVIème siècle pendant la Renaissance. On en dégustait toute l’année, mais plus particulièrement au temps de Noël. Les biscuits étaient faits en famille par les mères et grands-mères, les enfants étant chargés de leur donner leur forme avec les fameux moules en bois.
Le célèbre écrivain croate August Šenoa a parlé de ces biscuits dans son livre  Zlatarovo zlato  (Goldsmith’s Gold) :
« And thus it came to pass that she was called the Paprenjak lady: over the length and breadth of the city there was not a woman, noble or common, who could bake paprenjaks in the way that Magda knew. Day in and day out there was a run on her paprenjaks, and the city judge Ivan Blažeković himself was known to leave a pretty penny in her purse every so often. » A. Šenoa, Zlatarovo Zlato, Mladost, Zagreb 1973 p. 6
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UN LIVRE QU’IL FAUT ABSOLUMENT LIRE : UNE ÎLE AU CŒUR DU MONDE

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Auteur : Michael D. O’BRIEN
Éditions SALVATOR
Paru en mai 2011
828 pages
ISBN : 008000600/ Code barre : 9782706708008
4ème de couverture :
Josip Lasta naît en 1933 dans les Balkans. En pleine Seconde Guerre mondiale, les montagnes yougoslaves sont le théâtre d’affrontements terribles impliquant les armées allemandes et italiennes d’occupation et les forces rebelles (oustachis, tchetniks, partisans communistes). Les habitants des Balkans sont à la frontière de trois mondes : le monde islamique, le monde slave orthodoxe et l’Europe catholique. Comment garder son identité et son humanité dans des conditions déshumanisantes ? Fresque d’une vie dans un monde bouleversé par la guerre, Josip verra son monde s’effondrer, traversera des épreuves multiples, connaitra la passion amoureuse, l’amitié fraternelle et trouvera finalement le chemin d’une véritable résurrection.
Un gros pavé de plus de 800 pages, ça fait peur ! Mais dès qu’on se plonge dans ce livre, on ne peut plus le lâcher.
Le style est agréable. L’histoire est passionnante et provoque une réelle émotion. C’est la vie de Josip, croate, sans doute de Herzégovine. On le suit depuis son enfance, quand il perd sa famille massacrée et jusqu’à sa mort. Il subit torture, prison, puis exil, victime des guerres et du régime de Tito. On se rend compte, avec ce livre, que ce pays (l’ex-Yougoslavie) dont on disait qu’il était le pays du bloc communiste le plus souple a été le lieu de crimes et horreurs révoltants.
Mais ce livre n’est pas qu’un roman historique. C’est aussi un roman philosophique, un road-movie spirituel. Tout au long du récit, Josip s’interroge sur son identité, sur sa foi, luttant contre son désir de vengeance et cherchant à se reconstruire après tant de malheurs et de souffrances.
Son passage à « Goli Otok » (l’île nue en croate) est particulièrement impressionnant. On sait que cette île était un terrible lieu de détention dont peu de personnes sont revenues vivantes.
Un livre passionnant et émouvant.
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LA POÉSIE CROATE

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Cet article ne prétend pas être un exposé complet, mais simplement un aperçu pour donner envie d’aller plus loin… Il a aussi l’ambition d’attiser l’envie de celles et ceux qui souhaiteraient apporter leur contribution pour faire connaître la littérature comme toute expression artistique croate.
Toutes les informations contenues dans cet article et les poèmes cités sont issus du livre « LA POÉSIE CROATE des origines à nos jours » par Slavko Mihalić et Ivan Kušan aux éditions SEGHERS, 1972 (ouvrage épuisé).
La littérature croate s’est développée dans les mâchoires d’une espèce de tenaille : l’Est islamique et l’Ouest désireux d’ingression. Prenant part à tous les courants littéraires européens du XIVème siècle à nos jours, elle se compose aussi d’une création originale marquée par tous les malheurs de sa communauté.
Au XVème siècle, la Croatie centrale est une partie du Royaume hungaro-croate, alors que des îles et des villes sont sous dominance vénitienne. Les Turcs, venus de l’Est, mettent le pays à feu et à sang.
La Bascanska Ploca dans l'église de BaskaLe premier texte en langue croate, c’est la « Plaque de Baška » (Baščanska Ploča), écrite en écriture glagolitique vers l’an 1100, preuve d’une littérature personnelle et originale. Elle se trouve dans l’église Sainte-Lucie de Baška.
bascanska-ploca
Au IXème siècle, les disciples de Cyrille et Méthode imposeront une langue destinée au service de l’église, le vieux-slave. Mais les copistes croates y apporteront peu à peu des éléments du parler national, aboutissant au XIVème à l’abandon du vieux-slave.
À la fin du XVème siècle et au début du XVIème siècle, les poètes de la Renaissance de Dubrovnik, influencés par la vie littéraire italienne, conservent une personnalité qui leur est propre. Quand les circonstances politiques mettent à mal l’unité croate, la littérature assuma une tâche d’unification, s’intéressant aux œuvres de toutes les régions de Croatie. Quand la pression turque s’arrêtera, le nord de la Croatie connaitra aussi une flambée de la création littéraire.
La langue littéraire de chaque région a été marquée par les sept siècles de partage du territoire. La littérature croate comprend les trois dialectes : au sud le tchakavien, au nord le Kaïkavien, au centre et à l’est le chtokavien. Ces différences ne font qu’apporter plus de richesse à la littérature. On trouve aussi de nombreuses œuvres en langue latine.
Précisons que les textes notés « J.M. » ont été traduits par Janine Matillon, écrivain français et grande spécialiste de la littérature croate. Elle est notamment l’auteur d’un roman « Les Deux Fins d’Orimita Karabegovic », grand roman de la guerre bosniaque (1996).
Autres traducteurs : P.S. Pierre Seghers / M.A. Marc Alyn
Poètes inconnus du XIVème siècle
Le manuscrit de cette poésie, CANTATE DESSUS UNE TOMBE, est conservé à la Bibliothèque de Paris.
Marko Marulić
Né à Split en 1450, il a écrit en latin et en croate.
Un de ses poèmes les plus connus est la PRIÈRE CONTRE LE TURC, dans lequel  il décrit les atrocités vécues par les croates au cours de la domination turque.
Sabo Bobaljević Mišetić
Né en 1529 à Dubrovnik, il écrivit en croate et en italien.
L’extrait intitulé QUAND TU M’AURAS TUÉ, Ô MORT, est emprunté à une épître à Maroje Mažibradić.
Poésie populaire (auteur inconnu)
Un poème : REGARDONS
Lavoslav Vukelić
Né en 1840 à Kosinj (dans la région de Lika) et mort en 1879. Dans le poème À SOLFERINO, il expose ses vues antimilitaristes.
Antun Gustav Matoš
Le banc de Matos à ZagrebNé en 1873 à Torvanik et mort en 1914 à Zagreb.
Il marque le vrai début de la littérature croate moderne, allant du symbolisme au surréalisme en passant par l’expressionnisme et le futurisme.
Auteur de 80 poésies, de nouvelles, de récits de voyage, ses œuvres comprennent 20 volumes.
On pourra lire LES CHEVEUX CONSOLATEURS.
Le banc de Matos à Issy-les-MoulineauxÀ l’occasion du centenaire de la mort du poète, un banc sculpture en son honneur a été inauguré le 8 février 2014 au Jardin des Mille Roses de l’Hôpital Corentin Celton d’Issy-les-Moulineaux, réalisé par l’artiste croate Ivan KOŽARIĆ, comme celui qui se trouve dans la ville haute de Zagreb.

Vladimir Vidrić

Né en 1875 et mort en 1909 à Zagreb.
Il n’a écrit qu’une vingtaine de poèmes, dont LE MATIN, mais elles font de lui le plus grand poète moderne, le Verlaine croate.
Miroslav Krleža
Né en 1893 à Zagreb. En conflit avec les autorités austro-hongroises, puis après la création de la Yougoslavie, il rejoint le mouvement ouvrier révolutionnaire. Pilier de la littérature croate (poésie, nouvelles, romans, drames, essais, critiques), son œuvre comprend 36 volumes. Il a une influence très importante  dans la formation de l’intelligentsia croate de gauche.
Parmi ses nombreuses poésies, on peut lire DANS LE BROUILLARD.
Dobriša Cesarić
Né en 1902 à Slavonska Požera. C’est un poète « d’une simplicité cristalline et d’une grande pureté d’expression ».
Lisons LA CHANSON DU POÈTE MORT.
Vlado Gotovac
Né en 1930 à Imotski. Il a écrit plusieurs livres d’essais et d’études philosophiques, de la prose, des drames, des articles.
On lira la MÉDITATION PRÉLIMINAIRE À « ÉCHO »
Vesna Krmpotić
Née à Dubrovnik, femme de diplomate. Elle a vécu aussi en Inde, en Égypte. Elle a écrit de remarquables récits de voyages, mais aussi des essais et des critiques.
On lira le RENDEZ-VOUS PLACE AUX FLEURS.
Et pour terminer, quelques LOCUTIONS ET PROVERBES POPULAIRES qui concluent cette anthologie éditée par SEGHERS.
Agnès Cerovecki
 
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LES PETITS CŒURS CROATES EN PAIN D’ÉPICES OU «LICITARSKO SRCE»

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Les petits cœurs ou « licitarsko srce » sont un symbole de la Croatie. Ils sont faits en pain d’épices dans le nord de la Croatie. Ils sont utilisés en décoration.
L’art du pain d’épices en Croatie du Nord  a été inscrit sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité  par l’UNESCO en 2010.
HISTOIRE
Le pain d’épices est né au Moyen-Âge dans les monastères d’Europe centrale. Certains noms de fabricants de pain d’épices sont mentionnés dans des documents datant du XVIIème siècle.
À l’origine, ils étaient faits dans des moules en bois qui ont été peu à peu remplacés par des moules en métal. Les formes des moules sont restées pratiquement inchangés au cours des siècles, mais les décorations ont changé sous l’influence des styles (Renaissance, Baroque, Rococo, classicisme). De nos jours, on voit apparaitre des formes nouvelles : cœur évidé, nounours, cloche, sapin, etc.

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FABRICATION
Pour voir comment sont fabriqués ces petits cœurs, par exemple par l’entreprise de Franjo Oslaković à Samobor, regardez ce film réalisé par  CRO FILM :

Ils sont encore une trentaine de « pain-d’épiciers » dans le nord de la Croatie.
Traditionnellement, ils fabriquent aussi des gâteaux à base de miel (medenjak), des bonbons au miel, des bougies et des cierges.
Les cœurs (liticarsko srce) sont cuits, séchés, puis peints avec des colorants alimentaires. Ils sont souvent rouges, mais on en trouve aussi en blanc, vert, etc. Les fabricants y ajoutent, selon leur inspiration, des petits miroirs, un poème sur un papier qui sera inclus dans le décor. Ils ont tous un petit cordon pris dans la masse de la pâte, afin de pouvoir les accrocher.
UTILISATION
Les licitarsko srce en forme de cœur sont offerts en signe d’amitié et en signe d’amour. Les jeunes mariés en offrent souvent à leurs invités avec, comme décor, leurs prénoms et la date du mariage. On en offre aussi pour être utilisés comme décor de l’arbre de Noël.

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